Cécile
Meynier
Née en 1978 – Vit et travaille à Besançon (France)
Cécile Meynier pratique la sculpture avec une spécialisation céramique, qu’elle injecte dans des installations et qu’elle active via des performances.
Elle aborde des questions fondamentales aussi bien liées au rapport que l’on entretient avec les objets du quotidien, qu’à l’origine du geste créateur, au statut de l’œuvre d’art et à sa tradition qu’elle s’amuse à déjouer et à démystifier.
L’acquisition d’un four céramique en 2016 ouvre de nouvelles voies dans son univers esthétique. Les questions de l’utilitaire et de l’usage de l’œuvre sont convoquées incluant soudainement le corps et le geste ainsi qu’une certaine oralité dans sa pratique, comme un besoin de rompre avec le silence de la sculpture.
Ce volet performatif lui permet d’habiter son œuvre et de la faire basculer du formel au vivant. L’accumulation des couches à la fois visuelles, sonores et pluri-sensorielles (voix, eau, vent, feu parfois) et le recours à la vidéo invitent à une narration déstructurée et à la fiction. En mixant tous ces éléments avec un attachement certain à la couleur et au décoratif, elle semble mettre en place un folklore qui lui est propre, rythmé par des performances qui apparaissent comme des messes étranges et très personnelles.
Formellement, son esthétique oscille ainsi entre minimalisme et baroque, entre brutalité et ornemental, entre ordinaire et extraordinaire, entre humour et noirceur, car c’est à ces interstices qu’émergent l’étrangeté et l’improbabilité de l’art qui lui sont si chers.
Infos pratiques
Bibliothèque Saint-Sever et centre commercial Saint-Sever
Centre commercial Saint-Sever – 1er étage – 76100 Rouen
Métro – station Saint-Sever
Bus : F1, 6, 31, 32 (arrêt Place Saint-Sever)
Station Lovélo Saint-Sever
Rouen Impressionnée fut l’opportunité de créer une liaison
entre les figures du perroquet (1) et de Victorine Meurent, la muse de l’Olympia de Manet. Les fragments de corps féminin et animal jouent de leurs dualités décoratives et de leur mélancolie captive. Pierrot Coco, à travers un univers fantasmé et étrange, se déploie au sein d’une boutique. C’est un environnement qui s’apparente au design et au décoratif avec un assortiment de volumes en céramique oscillant
entre utilitaire et sculpture. C’est surtout le prétexte de créer un univers mêlant beauté et étrangeté inquiétante, une réalité autre. Le regard navigue dans un décor constitué de drôles d’objets et de fragments de corps disloqués, comme ouverts, pour mieux voir à l’intérieur. Le centre du moi est entre les yeux et Le monde pénètre en nous par nos yeux, déclare Paul Schilder (2). Et l’installation donne corps à ces
assertions de Paul Schilder. Elle aurait pu s’intituler Les yeux d’Olympia mais c’est finalement le perroquet qui l’emporta.
(1) « … les perroquets sont humains ; c’est à-dire étymologiquement. Perroquet est un diminutif de Pierrot ; parrot en anglais vient de Pierre ; en espagnol, perico vient de Pedro. Pour les Grecs, leur capacité philosophique était un élément du débat philosophique sur les différences entre l’homme et l’animal. » – Julian Barnes, Le perroquet de Flaubert, 1986
(2) Paul Ferdinand Schilder est un psychiatre et psychanalyste autrichien (1886 – 1940), créateur de la notion d’image du corps (proprioception)